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Tournant professionnel ou comment commencer une nouvelle vie

27 avril 2014

Diplomes ou compétences

Les derniers jours m'ont paru à la fois manichéens, plein de non-sens, de désespoir et d'espoir une heure après...Ce n'était pas "Jean qui rit et Jean qui pleure" mais la maison des fous version 12 travaux d'Astérix.

Le postulat de départ est simple. Je suis diplômée de kiné mais je ne peux plus faire kiné. Je suis handicapée mais je n'ai pas encore ma RQTH mais la médecine du travail est d'accord avec mes limitations. Je pensais avoir enclenché la machine quand j'ai eu rdv en début d'année avec le DRH. Mais que nenni...quelle grosse buse ai-je été de croire qu'en un rdv, le ciel allait soudainement s'ouvrir sur de nouveaux cieux...1 mois, 2 mois...et rien... rien de rien... Ça aurait pu durer longtemps la petite histoire. Pourquoi pas jusqu'à l'échéance des 3 ans...et pourquoi cette échéance? parce que contrairement aux idées reçus, on peut virer un fonctionnaire et l'inaptitude au poste en fait partie (même pour un titulaire). C'est facile, on le met en retraite anticipée, il sort des effectifs et le travailleur se débrouille...

Le révélateur fut mon cher et tendre qui, m'accompagnant chez le médecin pour une énorme bronchite, a reparlé avec ma toubib et avancer cette éventualité. J'y pensais depuis quelques mois, mais je me disais que ma paranoïa parlait à la place des faits...Devant cette révélation commune (je n'étais pas folle et y'avait anguille sous roche), avec ma super MG, on décidait de la chose suivante. Plus d'arrêt de travail...enfin on leur faisait croire...Et roule ma poule...

J'ai pris rendez-vous avec la médecine du travail.

-"Ah oui mais le problème c'est que je ne peux pas vous mettre apte si je ne connais pas votre poste d'affectation!"

-" Bah eux, ils ne peuvent pas me donner de poste d'affectation s'ils ne connaissent pas mes limitations."

-" Mais je leur ai déjà donné!"

-" Par écrit? Si vous pouviez me les donner aussi par écrit, ça serait cool."

-"Bon, je vais envoyer un mail, on s'appelle, on se fait une bouffe se tient au courant!"

Et donc, à peine chez moi, je prenais mon plus beau clavier (rempli de miettes de pain et de poils de chat) et envoyais LA bombe... Ce mail de quelques lignes, j'en ai pesé chaque mot, l'ai fait relire par cher et tendre (épousez un avocat a parfois du bon, surtout pour les formules alambiqués) et appuyez sur la touche enter avec le sentiment de relâcher le couperet de la guillotine.

Dans ce mail, je les mettais au pied du mur. Je leur donnais une échéance... sans menace, ni quoi ni qu'est-ce.. juste un coucou, je ne serais plus en arrêt maladie à telle date, je ne peux pas faire kiné, où est-ce que je vais et sans réponse j'irais me présenter à mon ancienne chef de mon ancien poste que je ne peux pas occuper (le poste, pas ma chef). J'avais prévu le pavé de 600 pages pour m'occuper. Et vous remarquerez qu'à ce moment là je n'avais aucune validation de la médecine du travail. J'allais me placer dans un no-men's land où je me présentais à mon employeur, sans reprise du travail par la médecine du travail mais sans être en arrêt maladie...la maison des fous je vous dis!

Autant vous dire que tout d'un coup, mon dossier était transmis. Des mails s'échangeaient, quand je téléphonais les secrétaires me passaient immédiatement le bon interlocuteur, et on me suppliait presque de leur donner encore un peu de temps...

-"J'aimerais bien mais ma MG refuse tout nouvel arrêt de travail sauf si je me pète une jambe ou autre maladie grave mais pas celle là!"

Autrement dit, vous avez eu 6 mois pour y penser les cocos, la procrastination c'est bien mais maintenant va falloir opérer à un retrait digito-ampoulaire...

Je sais qu'il y a eu beaucoup d'échange de mails (comme par hasard j'ai été viré de la liste des destinataires pour les plus intéressants) et un jour, une femme a la douce voix m'a appelé.

- Alors j'ai appelé votre chef, pour voir si un poste allégé était possible mais elle m'a dit que ce n'était pas possible.

- Oui, la kiné c'est du mouvement, avec les mains donc les épaules et le dos, avec le corps aussi et y'a une station debout prolongée donc c'est impossible quelque soit le service d'affectation.

- Le problème c'est que vous avez qu'un diplôme de kiné, vous ne savez rien faire d'autre...

Autant vous dire que son manque de foi me désespérait... Moi qui était kiné, qui avait servi des cafés, gardé des gamins, fait des ménages, travaillé dans l'industrie du cinéma... je ne savais donc RIEN faire...

- La médecine du travail parle d'un poste de secrétariat mais vous n'avez pas les diplômes. Et puis c'est un vrai travail.

- Si on parle de diplôme, je n'ai aucune solution. Maintenant, si on parle de compétences, je connais pas mal de choses.

Et là j'ai fait la liste de ce que je savais faire, de ce que j'avais fait. Dire que l'on a été libérale est une chose, préciser que l'on enfilait par la force des choses la casquette femme de ménage, comptable, secrétaire et quand j'avais du temps, je faisais de la kiné (enfin), ouvre les horizons. Je parlais de ce que je savais faire et non plus de ce que je ne pouvais pas faire!

Et tout d'un coup, on me décroche... un entretien. On me fait passer des tests, on m'interroge sur mes motivations... et on me dit "A demain 8 heures".

J'ai fait signer ma validation de la médecine du travail dans l'heure, j'ai commencé le lendemain. J'ai offert un très bel anniversaire à mon chéri ce jour là, je l'ai débarrassé de sa femme pour la journée! Bref j'ai repris le travail.

Épilogue:

Je suis passé vider mon casier et j'ai croisé mon ancienne chef.

- C'est grâce à moi si ça a bougé, la veille, je les appelais parce que rien ne se passait. mais bon puisque tu t'es mis dans la tête que tu ne pouvais plus faire kiné.

Alors ma chère, très chère supérieure, si tu étais dans la boucle des destinataires, c'est justement pour te bouger et tu as fait exactement ce que j'attendais de toi. Je t'ai manipulé pour que tu fasses ton travail. Enfin, je vais être la pire des peaux de vache en disant ça: si moi je ne veux plus soi-disant être kiné, ais-je le droit de dire que si tu n'as pas eu d'enfants autres qu'adoptés, c'est parce que ta stérilité, tu l'avais décidé dans ta tête?

A bon entendeur...

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30 décembre 2013

Premier dossier

Un de mes premiers pas dans la reconversion a été de remplir un dossier MDPH... J'ai pas tout bien compris au départ, alors j'ai pris le temps de le décortiquer un peu. Ça parle d'enfant, de soi, d'école, de travail, bref c'est un peu tout mélangé alors l'assistante sociale a mis des coups de stabilo en marge pour m'indiquer les paragraphes à remplir. Au final, j'avais un peu moins à remplir, ouf!

Non parce que je m'en suis mangé du certificat, de la pièce justificative oui mais pas celle là même si elle est officielle, il en faut une autre.

Et pour la première fois, je me suis dit que ce dossier n'est pas si mal fait que cela. parce qu'avec un dossier, certes un peu long et complexe, on pouvait demander plein de choses. Il s'agit de l'ancien dossier cotorep (rappelez-vous que mes études datent un peu et que je parle anatomie selon l'ancienne nomenclature, j'y bite rien à la nouvelle). Vous avez un enfant handicapé qui a besoin de... ? Vous êtes atteinte d'un handicap? Vous avez besoin de ci ou de ça en tant qu'handicapé? Tout est dans ce formulaire. Y'a pas à cherchez le formulaire A38 dans la maison des fous pour une fois. Pour une fois que l'administration complique pas les choses.

Bon c'est pas tout ça mais faut remplir et là ça se complique... Nom, prénom, date de naissance... Ah bah si finalement c'est pas si compliqué... adresse...ça devrait aller aussi... et vient le p*t**n de paragraphe libre. Google est mon ami et en 2 temps 3 mouvements, je tombais sur un site d'une association de patient atteint de tremblement essentiel qui donne un plan pour remplir cette partie. Anamnèse, histoire de la maladie... rien que du très classique... lister ce que l'on peut faire, ce que l'on peut faire avec aide, ce que l'on ne peut plus faire... approche très fonctionnelle... exposé sur la vie familiale, personnelle, matrimoniale... pertinent....Projection dans un futur métier ou adaptation du poste professionnel... envisager un nouvel avenir. J'ai donc laissé le paragraphe libre et pris ma plus belle plume et des copies doubles grands formats type seyes (c'est du grand carreau si tu savais pas). J'en ai gratté 2 copies doubles recto-verso. Et même si à la fin, j'avais une écriture plus difficile à déchiffrer, j'ai suivi ce plan et n'étais pas trop déçue de ma prose. J'ai juste tempéré, je n'ai pas tout dit. Je n'ai pas détaillé mes douleurs, ma frustration, ma colère face à une partie du corps médical, sur la pesanteur des administrations, sur la lenteur des procédures. J'ai réussi à parler d'avenir, à vouloir me projeter dans quelque chose de constructif, sortir de ma stabilité dans la médiocrité. Mon projet est d'exister à nouveau pour la société.

Ah mais c'est pas fini! Faut remplir la seconde partie du dossier... pardon, faut faire remplir par le médecin la seconde partie... Ça nous a pris plus d'une heure, on a tout détaillé, pesé chaque mot. Une heure c'est long me direz-vous, mais avec ma p*t**n de maladie, pas et mal reconnue, on a du biaisé, évoquer le coté dépressif sans tomber dans la caricature ni le faux (qui est puni par la loi). Là aussi, on a collé la tartine avec Dr Dior (oui, elle est très classe et je l'adore).

Lorsque j'ai donné mon dossier, je me suis dit que si j'avais eu un truc physique, ça aurait été facile. Un truc mesurable, dosable, quantifiable... mais non la douleur n'a pas d'appareil pour la mesurer, c'est très con. Parfois même, je me suis dit qu'une bonne maladie à la con avec des anticorps anti poils de c*l aurait été plus cool.

Le dossier est déposé, j'attend la réponse... en espérant qu'il n'applique pas la politique de "première demande = rejet" que l'on trouve dans les autres commissions habituellement du fait de leur saturation en dossiers à traiter. Je fais le deuil de ma vie passé, je ne suis plus une bien portante qui s'ignore mais une toute petite handicapée à 0,001 % qui veut opérer son tournant professionnel.

26 décembre 2013

Once upon a time

Il était une fois une kiné... Oui, c'est moi la kiné... qui avait des problèmes de santé. Se bagarrant pour un diagnostic avec la moitié du corps médical, elle se trouva fort dépourvue quand Noel fut venu. Elle alla crier chez l'assistante sociale, sa voisine de bureau (enfin presque voisine), sa peine et famine parce que toucher la moitié de son salaire pendant plus d'un an requiert des talents de serrage de ceinture et d'insomnie.

Elle avait bien tenté de reprendre son activité, à mi temps dit thérapeutique (je savais que le travail c'est la santé mais qu'il fut thérapeutique, j'ai encore des doutes). Lachée par ses chefs, dédaignée par le reste à savoir ses "con"frères et "con"soeurs", isolée dans la maladie, seule face à la douleur de sa maladie, ayant déjà épuisée parents, "cons" frères, "connes" soeurs, belle famille, ami(e)s et ex-ami(e)s, elle allait devoir apprendre à vivre de nouveau et surtout se recaser professionnellement. Parce que vivre d'amour et d'eau fraiche, ça va bien un temps mais au bout d'un moment, les gremlins ont faim.

Elle avait besoin d'un coup de main mais tout ce qu'elle put fut de se sortir les doigts du ...

 

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  • Parce qu'un jour, je n'ai plus été capable d'exercer mon métier de masseur-kinésithérapeute, j'ai du trouver une nouvelle voie.. ceci est mon journal de bord. Ô lecteur, sois indulgent, j'en ai pris trop dans la tête ces derniers temps.
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